Il y a une dizaine d’années, je découvrais avec effroi sur internet l’existence d’un continent constitué de milliards de particules de plastique issues de notre mode de consommation, dérivant au gré des courants océaniques.
Ce phénomène avait été repéré en 1999 par le navigateur Charles Moore, qui avait alerté l’opinion.
L’action de ces courants ramenait les particules, au centre des océans, formant des siphons appelés gyres, au centre desquels se regroupait tous ces déchets.
Ces continents, indétectables par satellite, se rapprochaient plus d’une soupe mixée que d’une surface solide sur laquelle on pouvait poser le pied.
En résultait une pollution sans précédent, à grande échelle, empoisonnant la faune marine de plusieurs manières, et par là même toute notre chaîne alimentaire.
Qui n’a pas vu avec effroi ces photos de cadavres d’oiseaux rejetés par la mer, dont l’estomac était rempli de bouchons de sodas indigérables, les faisant mourir de faim, de ces tortues dont le corps avait grossi à travers ces anneaux de plastique dans lesquels, poussées par la curiosité, elles s’étaient coincées un jour, de phoques ou de dauphins morts d’avoir confondu les appétissantes méduses dont ils faisaient d’habitude bombance avec des sacs en plastique de grandes surfaces ?
Ces continents étant situés en dehors des eaux territoriales, aucun pays n’en fit cas.
La dépollution aurait coûté trop cher, et pas question de limiter la fabrication de ce plastique si pratique.
Quant à éviter le gaspillage, chacun trouvait de bonnes raisons de ne pas y penser.
Les entreprises polluantes payèrent des taxes et obtinrent le droit de continuer à polluer.
On jouait aux 3 petits singes, à la patate chaude pendant que le continent grossissait, que les barquettes, bidons, bâches, bouchons, films, housses, pneus, caisses, bouteilles continuaient de se décomposer, rendant à l’océan toutes les substances chimiques que leur fabrication avait exigé : PCB, dioxine, hydrocarbures et autres….
En 2010, j’eus l’idée d’écrire une nouvelle partant de cette terrible constatation, pour tenter à ma manière de faire quelque chose, de sensibiliser d’autres personnes à ce problème par le biais du fantastique.
L’an dernier, j’entrai en contact avec l’OSL, une organisation qui préparait une mission d’exploration scientifique au cœur de ce continent de déchets.
Je consacrai une partie de mon blog à ce projet, sans en parler directement mais en postant des vidéos et des textes traitant du sujet.
Je leur proposai de publier ma nouvelle sur leur site, ce qu’ils acceptèrent avec enthousiasme.
Un voilier devait lever l’ancre au mois de mai-juin pour se rendre au cœur du continent et y effectuer des prélèvements.
Hélas, à la suite d’avaries matérielles et de soucis de santé d’un membre de l’équipage, la mission fut annulée, à la tristesse de tous.
L’hiver passa.
Pas question de prendre la mer par chaos de force 12 !
Cette année, les beaux jours reviennent, la mission redémarre, et tous espèrent pouvoir la mener à bien.
J’ai repris contact avec les membres de l’expédition, qui ont levé l’ancre ces jours-ci sous le commandement de Patrick Deixonne, membre de la Société des Explorateurs Français.
On peut en suivre la progression sur leur blog.
Ma nouvelle, après de légères corrections, devrait être prochainement lisible sur leur site ainsi que sur mon blog.
Souhaitons-leur bon vent…