« Nicolas Ferry
Tel était son nom
D’un roi Lecsinski
Il était bouffon… » (Ange – Le nain de Stanislas)
De nombreux récits contradictoires existent à propos de ce singulier personnage. Nicolas Ferry naît le 11 novembre 1741 à Champenay dans les Vosges. il mesure 19 centimètres pour seulement 612 grammes. Il est si petit que ses parents le font dormir dans un sabot. Sa bouche est trop petite pour que sa mère l’allaite, alors il tète une petite chèvre qui lui sert de nourrice. A l’âge de six mois, il contracte la variole. On le croit perdu, mais il guérit grâce aux soins de sa mère et au lait de sa chèvre.
Tout le monde vient l’admirer, du fait de sa particularité physique. A l’âge de 5 ans, le duc de Lorraine, Stanislas Lesczinski, roi de Pologne tombé en disgrâce, qui en a entendu parler, convoque ses parents à Lunéville. Ils l’y emmènent dans un panier couvert d’un linge blanc. Le duc demande au père de Nicolas de le lui confier pour l’éduquer et lui tenir compagnie.
Stanislas le surnomme Bébé, inventant ce sobriquet qui restera dans la langue française pour désigner les enfants en bas âge.
Hors du château de Lunéville, on le surnomme « Le Nain Jaune », personnage cruel d’un des contes de fées de la Baronne d’Aulnoy (XVIIe siècle). Vers 1760, un nouveau jeu apparaît en Lorraine, le « Jeu du nain Bébé », qui deviendra le jeu du Nain jaune, jeu de cartes et de hasard, mêlé de stratégie.
Espiègle, il profite de sa petite taille pour se cacher partout, spécialement dans les jupes des dames, qui ont peur de l’écraser. Un soir, au cours d’un grand dîner, il se cache dans un énorme pâté de la forme d’une tour. Soudain, le haut du pâté se soulève et Bébé en sort, habillé en guerrier avec un pistolet à la main. Tout le monde s’amuse de cette farce.
Mais Nicolas a de nombreux défauts : il est entêté, coléreux, paresseux, jaloux, gourmand, désobéissant… Mais les bêtises de Bébé amusent Stanislas. Le duc lui a fait tailler des habits colorés et lui offre une calèche tirée par quatre chèvres pour se promener dans le parc. Il lui fait faire une fourchette, un couteau à sa taille. Dans une pièce du château, il lui fait construire un hôtel en bois, haut d’un mètre, où Nicolas s’enferme souvent pour bouder et passer ses colères.
En 1759, une cousine polonaise du duc Stanislas vient séjourner à Lunéville, accompagnée par son nain Joujou, plus âgé que Bébé, mais qui mesure un pouce (2,54 cm) de moins que Nicolas (qui en fait 29). Jaloux, Nicolas essaie de le jeter dans la cheminée où crépite un bon feu. Alerté par les cris de Joujou, Stanislas parvient à le sauver et fait administrer une bonne correction à Nicolas.
Comme la mode, pour un souverain, est d’avoir un nain pour lui tenir compagnie et le divertir, on tente d’enlever Bébé. L’impératrice de Russie tente même de le faire kidnapper par un de ses émissaires en le fourrant dans une sacoche cachée sous son manteau.
Mais Nicolas supporte mal sa captivité. Il devient triste. Le duc lui fait construire pour le distraire une maison roulante, crée un jardin clôturé avec des petits animaux. Il cherche à le marier avec une naine vosgienne mais Bébé tombe très malade. Il semble très vieux, sans doute atteint de progeria, alors qu’il n’a que vingt ans.
Il meurt à vingt-trois ans, dans les bras de sa mère, le 8 juin 1764. Son squelette est exposé au muséum d’histoire naturelle de Paris. Les couverts ainsi que la maison et son portrait avec le chien sont exposés au musée lorrain de Nancy. Sa statue grandeur nature en faïence de Lunéville fut détruite lors de l’incendie du château de Lunéville en 2003.
Le groupe Ange lui rend hommage en chanson sur l’album Emile Jacotey (1975).