Suite à l’envoi de mon (futur) recueil de nouvelles, Infemmes et sangsuelles (dont la publication a été une première fois avortée chez les défunts – et escrocs ? – Kirographaires) à une autre maison d’édition, spécialisée dans mon genre de prédilection, le fantastique, j’ai reçu cette réponse (vraisemblablement sans même que l’éditeur ait pris la peine d’ouvrir le fichier qui contenait le recueil) :
« Réponse négative à Infemmes et sangsuelles
Bonjour
Tout est dans le titre, mais je vais essayer de m’expliquer.
Si je refuse la publication de votre recueil de nouvelles, c’est pour une raison triviale, les finances. Aujourd’hui la situation du livre n’est pas brillante, et nous n’échappons pas à la règle, nos finances sont juste au-dessus du zéro. Et malheureusement les recueils de nouvelles ne se vendent pas du tout en papier, ce sont nos plus mauvaises ventes, et parfois même nous perdons de l’argent. Nous continuons de publier des anthologies thématiques (même si celles de Chalabre ne sont plus publiées chez nous), je publie de temps en temps un recueil de nouvelles, mais c’est exceptionnel et aujourd’hui mes finances ne me permettent plus de publier plusieurs recueils par an. Je publie en priorité des recueils d’auteurs qui nous ont quitté (comme le Bussy).
Par contre aujourd’hui, l’avenir des nouvelles passe par le numérique. Le numérique est l’avenir du livre mais surtout de la nouvelle, on peut mettre des prix bas, il n’y a pas de contraintes en papier, et il y a des éditeurs qui ont compris et qui publient des nouvelles, je pense que vous devriez oublier l’idée d’un recueil papier pour regarder le numérique.
Si javais 10 ans de moins, je lancerais la maison d’édition uniquement en numérique, pour moi c’est la nouvelle révolution du livre après l’imprimerie et le livre de poche. Franchement allez plutôt vers des éditeurs numériques pour vos nouvelles. On peut les vendre une par une, en totalité, faire des opérations, la version papier sera un échec, et aujourd’hui nos finances ne peuvent pas se le permettre… »
…
ça, si ça n’a pas vocation à me décourager…
Moi vivant, il ne m’éditera pas (c’est lui qui le sous-entend, pas moi…)
Je lui ai répondu que je le recontacterais une fois que je me serais pendu !
Je vais quand même tenter ma chance ailleurs avant, même si j’ai déjà essuyé plusieurs refus. ça doit bien exister, un éditeur prêt à accueillir mes chères créatures dans un ouvrage papier (ou du moins à faire l’effort de le lire).
Il y a quelques mois, un autre éditeur (de fantastique) m’avait déjà répondu cela, toujours au sujet du même recueil :
« Si (nous) publions volontiers des recueils de nouvelles, ce sont toujours des recueils d’auteurs confirmés. Vendre un recueil de nouvelles est déjà chose malaisée, vendre un recueil de nouvelles d’un jeune auteur l’est encore plus. D’où notre refus.
Par ailleurs, nous recevons beaucoup de manuscrit et nous manquons de temps pour les lire de la première à la dernière page. J’aimerais vous dire qu’un éditeur passe ses journées à lire les manuscrits, mais ça n’est jamais le cas. Bref, nous n’avons malheureusement pas le temps de lire intégralement un recueil à la recherche de la perle rare — si elle s’y trouve. »
L’éditeur poursuivait en m’enjoignant de lui envoyer un texte tiré du recueil, qu’il lirait pour ensuite m’envoyer son « opinion à ce sujet », ce qu’à ce jour je n’ai toujours pas fait.
ça, ça veut dire en substance que si je veux sortir un bouquin, faut que j’aie sorti un bouquin…(suffisamment vendu pour que l’éditeur en ait entendu parler, soit dit en passant)
La poule qui se mord la queue, vous connaissez ?
Ou encore qui de l’œuf ou du serpent était là le premier ?
Ou bien aussi « Brisez la vitre avec le marteau » (ce dernier se trouvant derrière la vitre, sinon c’est pas drôle…)
Bref, ça tourne en rond, ça tourne pas rond dans l’édition.
Surtout pour les auteurs…
Enfin dans ce cas précis, pour ma pomme…
Pour en revenir au mail reçu ce jour, je ne sais pas pourquoi, mais le numérique me fait hésiter. Certainement parce que j’ai vu des livres téléchargeables illégalement le jour même de leur sortie en numérique, sitôt nés, sitôt piratés ! Alors que va donc photocopier un livre papier !
Déjà qu’un auteur gagne peu (à part une Mussorité visible), bien moins qu’un smicard, infinitésiment moins qu’une star du rock (du moins que celles qui se plaignent le plus fort d’avoir été piratées et paient leurs impôts en Sui… ah non, ne payent pas leurs impôts du tout! mais qui en jaunissent à l’yday…).
Pour le moment, je ne désespère pas. Peut-être un jour perdrai-je patience et craquerai-je pour le numérique… mais ce n’est pas ce genre d’arguments auxquels je suis sensible… pour l’instant.
Et puis j’aime tellement l’odeur et la texture du papier, le contact du livre pas encore ouvert qui pourtant déborde déjà de promesses, de sensations, d’émotions …
Vous baiseriez un androïde, vous ?
Moi je lis papier…