An Vingt, septain huitième

1 2 3 une cuillère en bois

4 5 6 du chocolat suisse
7 8 9 assez de blanc d’œuf
10 11 12 mélangez, ça mousse

(Gaëlliques gourmandes – 20 février)

Seul dans l’immense bibliothèque
blotti dans ce fauteuil usé
comme dans un profond sommeil
Tout près de l’âtre dont les bûches
crépitent
à travers le vin de mon verre
un livre à peine défloré à la main
le chat lové sur mes genoux
ronronnant sphinxieusement
mon brave chien couché à mes pieds,
J’écoute
la pluie qui staccate au carreau,
tandis que Mozart symphonise
sur l’antique phonographe,
et je relis les yeux fermés
tous ces contes macabres
que je n’ai pas encore écrits
et dont je suis, qui peut savoir
le personnage
principal

(Gaëlliques idylliques – 21 février)

Un ange m’a chié sur une épaule
Peut-être trouvez-vous ça drôle
Lui n’a trouvé que ce moyen
De m’affranchir sur mon destin

Un ange m’a chié sur une épaule
Les gens y verront un symbole
Mais c’est pour vider ses sphincters
Qu’il est descendu sur la terre

Un ange m’a chié sur une épaule
s’est torché dans son auréole
bruyamment mouché dans ses doigts
s’est ensuite essuyé sur moi

Un ange m’a chié sur une épaule
au mépris de tout protocole
En tanguant s’est posé sur l’autre
m’a parlé comme à un apôtre

Un ange m’a chié sur une épaule
ses yeux vitreux sentaient l’alcool
Il m’a dit t’en fais pas mon gars
De là-haut je veille sur toi

Un ange m’a chié sur une épaule
j’espérais une parabole
J’ai cru qu’il se foutait de moi
Tout ça je le savais déjà

Un ange m’a chié sur une épaule
Et n’a plus dit une parole
Il espérait comme à confesse
Que je lui dégonfle ma vesse

Un ange m’a chié sur une épaule
Eh attendant mais pas de bol
Moi Je n’avais rien à lui dire
j’ai donc abrégé le martyre

L’ange m’avait chié sur l’épaule
Je lui ai filé des torgnoles
Il m’avait pris pour ses latrines
j’allais pisser dans ses narines

Et l’ange a chu de mon épaule
Lui ai mis des coups de guibolles
Arraché ses plumes une à une
Et lui ai collé quelques prunes

Ah, Il faisait moins le mariole
La tête en sang dans la rigole
Faut jamais chercher des embrouilles
A la doyenne des gargouilles

Moi on ne se paie pas ma fiole
Les anges n’ont pas de camisole
Surtout pas les anges déchus
Je le sais, j’ai la queue fourchue

Mais gare au prochain qui rigole
Gare, l’ange a repris son vol
Méfie-toi quand un ange passe
Qu’il ne te file pas la chiasse

Moi je retourne à mon clocher
Prière de ne plus déranger

(Gaëlliques divinatoires – 22 février)

L’écharpe de laine achetée au début de l’hiver enroulée autour de son cou était désormais sa seule source de chaleur après que les huissiers avaient coupé l’électricité de son petit appartement mansardé pour non-paiement de ses factures. Monté sur le tabouret, il regarda vers la poutre soutenant le plafond en se disant qu’il allait enfin savoir si elle était aussi solide que chaude, cette écharpe.

(Gaëlliques hivernales – 23 février)

Après leur trêve de janvier
les lutins désœuvrés
se mettent à
casser
détraquer
bousiller
déglinguer
éclater
disloquer
broyer
un à un
avec un bel entrain
tous les jouets neufs
des enfants riches du monde entier
que leur patron
a distribués en fin d’année
pour pouvoir en refabriquer
avant le Noël d’après

(Gaëlliques après-vente – 24 février)



Gaëlliques An vingt, septième septain

Le marié s’emporte :
La mariée l’exhorte.
Ah, elle veut qu’il la porte ?
Qu’en homme il se comporte ?
Eh bien diantre, qu’importe !
La tension est trop forte
Il n’y va pas de main morte,
La soulève et l’emporte.
Sa tête heurte la porte
Lui sectionnant l’aorte.
Les noceurs les escortent,
On leur prête main-forte
Mais leur idylle avorte :
La voilà raide morte

Depuis lors on colporte
Qu’elle nourrit des cohortes
De vers et de cloportes

(Gaëlliques maritales – 12 février)

 

Chevalier revient des croisades
Après sept ans passés au loin
Retrouve sa mie fort malade
Ce matin de Saint Valentin

La ceinture est toujours en place
Mais la belle a bien dérouillé
La septicémie la terrasse
Le cadenas est fort rouillé

Cherche la clé de la serrure
pour délivrer sa dulcinée
Mais vite fait pâle figure
En ne retrouvant pas l’objet

Lève un cil et soudain panique
Vide havresac et besace
Sa bourse pleine de reliques
Le Saint Graal choit et se fracasse

Mais preux chevalier n’en a cure,
De ce trophée de camelote
Remet bien vite son armure
Et s’en repart de Camelot

Il suppose que le sésame
un soir d’ivresse a dû tomber
Près de la couche d’une dame
D’un petit bordel de Tanger

Il se triture la cervelle
C’était sans doute à Antioche
Les yeux verts de cette infidèle
Qui lui fit le cœur et les poches

Ou plutôt cette chypriote
qui une nuit l’ensorcela
juste en fredonnant quelques notes
quand pour lui elle se dénuda

Il sait maintenant où chercher
il se souvient de l’air canaille
de cette hérétique enchaînée
après l’assaut sous les murailles

Il n’a pas résisté aux charmes
de la fille de ce harem
C’est parti, il reprend les armes
la clé est à Jérusalem

Chevalier repart aux croisades
Retourne se vider les couilles
On en fera une ballade
Pendant ce temps sa dame rouille

(Gaëlliques de chasteté – 14 février)

Chéri

J’ai changé les serrures

Tes affaires sont dans ces sacs poubelle

Avec notre amour

Amitiés à ta secrétaire

et à ton avocat

Raymonde

(Gaëlliques épistolaires – 16 février)



Gaëlliques An vingt, septain sixième

Début février

C’est encore loin l’été
On a froid aux pieds
Et notre peau hésite

On est un peu sonnet
On se sent tout ballade
On combat la deep rime

Alors on prend un vers
Et on roule distique
En jouant aux tercets

(Gaëlliques frileuses – 7 février)

Je dois impérativement me rappeler de ne surtout pas choper Alzheimer, mais pourquoi ? se demande Bubulle le poisson rouge à chaque tour de bocal.
(Gaëlliques mémorielles – 8 février)
 
Nos dernières vacances furent extipantes : sans eau pour recanter notre voiture sirupide, nous dûmes campiller sous un arbre vérifon en attendant qu’il bimule le moteur.
(Gaëlliques canachées – 10 février)
Le sort était jeté et les effets s’en faisaient déjà sentir.
Les yeux de Blanche-Neige allaient de son grand lit au test de grossesse qu’elle tenait dans sa main.
Mais duquel de ses sept compagnons avait-elle manipulé la baguette magique sans précautions ?
(Gaëlliques naines – 11 février)


Gaëlliques An vingt, cinquième septain

Le vieux lion édenté
fête son anniversaire
au menu, écrasé
de fourmis légionnaires
soupe de chimpanzé
purée de chiroptère
antilope en gelée
et enfin en dessert
coulis de perroquet
smoothie de phacochère
suricate en sorbet
bosse de dromadaire

Rien que du prémâché.
Tout ça devrait lui plaire.
Facile à digérer
Pour un roi sans molaires

(Gaëlliques de la savane – 29 janvier)

J’aurais pas dû tant boire hier soir. Et j’aurais pas dû prendre ce pari stupide.
Je sens que ça va être coton cet après-midi de placer ikebana, rapin, guipage, némathelminthe et sakieh dans mon discours à l’Assemblée Nationale !

(Gaëlliques parlementaires – 30 janvier)

Je moustapends une dernière cigarette
En regardant ratouflaquer la pluie
Sur le trottoir corupatissant

(Gaëlliques pilaneuses – 31 janvier)

To-do liste de février :
Prendre des vacances à Bakou
Planter un arbre à came
Montrer mon dessin à Minet
Se mettre un bonbon dans le nez
Changer le rouge en vers

(Gaëlliques farfelues – 1er février)

- Ce soir, dîner chez maman.
J’ai reçu de ma femme le laconique SMS bardé d’émoticônes alors que je déjeunais avec mes collègues à la cantine de l’entreprise. Par dépit, j’ai pris du rab de cassoulet.
Le soir, à table,mon estomac s’est mis à se tordre et à gargouiller comme un beau diable dès l’entrée. Je me suis rué vers les toilettes en m’excusant sous le regard courroucé de ma femme pendant que sa mère, qui n’avait rien remarqué, allait chercher à la cuisine le plat de résistance.
Une fois à l’abri dans l’exigu lieu d’aisance, j’ai lâché un pet immonde, qui aurait été du plus vilain effet s’il était survenu devant ma belle-famille attablée. De quoi manger de la soupe à la grimace et dormir sur le canapé pendant une semaine une fois rentré à la maison.
L’odeur est montée à mes narines, me tirant un sourire. Agréable, somme toute, mais je doutais qu’elle fît le même effet sur les autres convives s’ils venaient à utiliser les toilettes dans la demi-heure suivante. J’ai tenté, en vain, d’ouvrir le petit fenestron. Pas de bombe désodorisante non plus. J’ai agité la main, espérant dissiper le malaise qui ne manquerait pas de survenir à la prochaine personne prise d’un besoin pressant. Je n’appréciais pas spécialement ma belle-mère (ni sa cuisine) mais je voulais lui éviter la syncope. Peine perdue, le nuage, invisible mais ô combien odorant, persistait.
Je suis sorti des toilettes et l’odeur âcre du plat tout juste sorti du four, qui avait envahi tout l’appartement, a immédiatement assailli mes narines, me provoquant aussitôt un terrible haut-le-cœur. Ma belle-mère n’était définitivement pas un cordon bleu…
Ne me voyant pas poursuivre la soirée en apnée au milieu de ma belle-famille, j’ai fait la seule chose qui me paraissait sensée : je suis rentré dans les toilettes.
Les effluves étaient toujours là, moins intenses. Pour être complètement sûr, j’ai largué une autre caisse, tout aussi odorante que la première. Soulagé, j’ai repris plusieurs profondes inspirations.
Avec un peu de chance on allait m’oublier jusqu’au dessert.

(Gaëlliques inspirées – 2 février)

A l’asile, Blaise,
Le bailli balaise,
balise.

La bise à la belle, la baisable Isabelle ?

Il essaie.
A l’aise !

Il l’assaille, la lie à l’esse,

La saille,
La liesse !
La baise labiale à Elise bissée,
Il se lasse.
Lisa, l’abbesse, il l’a saisie,
Saillie, blessée !
Elle biaise, blasée, salie.
Elle a les abeilles.

Il les laisse à la salle,
Babille à la bibli,
Bâille, las.

Là,
Isabelle, Lisa, Elise alliées,
Il balise, Blaise,
Le bailli balaise,
les balles liées.

 

(Gaëlliques labellisées – 3 février)

Bon d’accord, j’avais si peu de budget pour tourner ce court-métrage sur le tour de France qu’on a dû filmer en février, faute de disponibilité des routes en juillet. Mais ce matin j’ai dû revoir entièrement le script quand les 150 vélos qu’on avait commandés à l’accessoiriste sont arrivés. Ça va être compliqué de faire pédaler Depardieu et les autres vedettes sur des vélos de taille enfant. Au final, heureusement que mon budget figuration ne m’a permis de recruter que des nains….

(Gaëlliques cyclopédistes – 4 février)



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