Gaëlliques An vingt, septain sixième 13 février
Le jour où mon ours en peluche s’est mis à parler, je n’ai pas été surpris. J’ai su que je ne serais plus jamais seul. Il m’en a fait la promesse.
Le jour où mon ours en peluche s’est mis à parler, ce fut pour m’avertir que mes parents voulaient nous séparer, prétextant que j’avais « passé l’âge ».
Le jour où mon ours en peluche s’est mis à parler, la dame des services sociaux n’a pas eu le cœur de me l’enlever quand elle m’a emmené, encore couvert de sang, dans ce foyer pour orphelins perturbés.
Mon ours en peluche n’aime pas la façon dont les autres enfants nous regardent depuis notre arrivée.
Il me dit qu’eux aussi vont vouloir me l’enlever.
Ce soir, j’attends l’extinction des lampes du dortoir pour sortir le long couteau de cuisine que j’ai dissimulé dans son ventre ce jour-là.
Nul ne nous séparera, mon ours en peluche et moi.
Je vais m’en assurer.
(Gaëlliques enfantines – 5 février)
- Bon, alors je vous explique le poste. Je recherche une personne dévouée, fidèle, sensible, généreuse, quelqu’un de positif, humble, à l’écoute, prévenant, honnête, pourvu d’humour et de charisme, attentionné et affectueux, taquin mais respectueux, pour être mon ami pour la vie. Une question ?
J’arrachai d’un coup sec le rectangle collant qui obstruait la bouche de mon interlocuteur.
- A l’aide ! Au secours ! Détachez-moi, espèce de mmh… mmh mmh… !
Je remis le scotch en place. Celui-là ferait un ami parfait. Après tout, ma petite annonce, quoique nébuleuse dans son contenu, stipulait « Débutant accepté ». Quelques semaines de formation et il n’y paraîtrait plus.
Je refermai la trappe et réajustai le cadenas.
(Gaëlliques amicales – 6 février)
Début février
C’est encore loin l’été
On a froid aux pieds
Et notre peau hésite
On est un peu sonnet
On se sent tout ballade
On combat la deep rime
Alors on prend un vers
Et on roule distique
En jouant aux tercets
(Gaëlliques frileuses – 7 février)
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