Classé sous 1-6 Gaëlliques par Frédéric GAILLARD | 0 commentaires
- Je repensais à ma dernière fête d’anniversaire, cloîtré chez moi, seul, sans famille ni amis, à boire bière sur bière devant la télé toute la soirée jusqu’à m’écrouler d’alcool et de déprime avant minuit sans même avoir ouvert le cadeau que je m’étais fait pour l’occasion (encore une bière)….
- Ouais, quelle plaie, ce confinement, saloperie de virus !
- Confinement ? Ah non, mon anniv, c’était huit mois avant.. .
(Gaëlliques en solitaire – 22 avril)
Le message vocal stocké sur la clé USB que j’avais extirpée de l’enveloppe kraft à mon nom disait :
« - Bonjour, ici Franck Riester. Votre mission, si vous l’acceptez, sera de finir d’écrire votre prochain recueil de nouvelles, de remanier votre futur premier roman, de les soumettre tous deux à un éditeur, d’en trouver un également qui soit séduit et amusé par votre recueil de micro-nouvelles, « Court, mais trash », un autre qui veuille bien accepter dans son catalogue votre toute première novella, « Le petit oiseau va sortir », en rupture de nid depuis quelques mois, d’en trouver encore un assez fou pour reprendre sous son toit votre premier recueil préfacé par Emma Crt, « Infemmes et sangsuelles », sans logis à partir de juillet, de rencontrer un éditeur poète qui succombe au charme acide de vos « Lettres aMères et autres Peaux-haines », recueil de textes autobiogothiques, et un doux rêveur enfin pour accepter de publier votre récit de fantasy éco-terroriste richement illustré par Philippe Lemaire,
Tout cela en restant à votre domicile, en portant un masque et en toussant dans votre coude, crise sanitaire oblige.
Comme toujours si vous ou l’un de vos personnages étiez capturé ou tué, ce qui ne manque pas d’arriver dans vos histoires, le ministère de la Culture nierait avoir eu connaissance de vos agissements et de votre existence. Bonne chance. Ce message s’autodétruira dans quelques instants… »
J’ôtai la clé de mon ordinateur, la posai dans le cendrier et attendis vainement pendant plusieurs minutes de la voir se consumer. J’y mis finalement le feu avec mon briquet en songeant que pour que le ministre en personne me demande, à moi, de poursuivre mes scribouillages, la culture française était vraiment mal barrée…
(Gaëlliques impossibles – 23 avril)
Forcément,
une maille à l’endroit
une maille à l’envers
il n ‘avance pas vite
ce tricot
(Gaëlliques en pelote – 25 avril)
C’est la trêve, déconfineurs
Menés par les distanciateurs
Sur ordre des parlementeurs
Désinfectez ces balconneurs
A grands jets de javelliseur
(Gaëlliques de vingt heures – 26 avril)
Fait
Comme un rat
Dans une cave d’affinage
J’ai mangé des tommes
Et j’ai ri
(Gaëlliques fromagères – 28 avril)
Classé sous 1-6 Gaëlliques par Frédéric GAILLARD | 0 commentaires
Confiné depuis un mois à l’hôtel du Chamois d’or, en bas des pistes de cette station de sports d’hiver réputée mais pour l’heure dépourvue de neige et de vacanciers, il enchaînait matin midi et soir raclettes, fondues et tartiflettes, et se prenait de plus en plus souvent à rêver d’une bonne, d’une simple ratatouille.
(Gaëlliques légumineuses – 15 avril)
J’avais inventé le robot parfait, capable de faire la vaisselle, laver le linge, faire le ménage, les courses et d’aider les enfants à faire leurs devoirs. Tout se déroulait sans la moindre anicroche, jusqu’à ce que, subtil hommage, je décide de l’affubler du visage de ma femme.
(Gaëlliques d’intérieur- 16 avril)
Les enfants du confinement rêvent
Qu’ils s’embrassent
Enfin sans leurs masques
(Gaëlliques déconfinées – 18 avril)
Ô, Toi, mon canapé
Adoré,
Jamais je ne t’ai trempé.
Je te le promets.
Ou peut-être
Juste une fois,
Mais ça ne compte pas,
C’était un accident
J’étais bourré.
Je te jure
Qu’elle n’était rien
pour moi,
Cette bière…
D’ailleurs
J’ai mis son cadavre
Dans la remise,
Avec les autres
Et je n’y ai plus jamais pensé.
(Gaëlliques sur canapé – 19 avril)
Naguère en terre d’Israël
Par un beau matin de juillet
Une mine anti-personnel
S’éprit de la paire de souliers
Que chaussait un jeune rebelle
Sorti sans trop se méfier
Afin de retrouver sa belle
Sous les feuilles d’un olivier.
Tout en rêvant d’amours charnelles
De lèvres roses à mordiller
En imaginant sa gazelle,
Il n’arrêtait de trépigner.
Mais hélas la vie est cruelle,
La mine, se sentant dédaignée,
Son courroux fit des étincelles
Et jalouse, elle prit son pied.
(Gaëlliques unipédistes – 20 avril)
Le mois de mai sera aussi oubliable que le mois d’avril fut mémorable. Ou vice versa, je ne sais plus. Enfin, pas encore. Je vous dirai ça en juin. Peut-être.
(Gaëlliques mémorielles – 21 avril)
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En avril,
ne te déconfine
pas d’un fil
Avril viral ? Lirai, ravi !
(Gaëlliques à vrilles – 8 avril)
J’avais promis à ma femme un bain bien chaud et un bon dîner à son retour du travail. Quand la clé tourna dans la serrure, j’augmentai le feu sous les marmites d’eau frémissante où flottaient déjà quelques légumes et saisis le hachoir.
(Gaëlliques conjugales – 9 avril)
Chère télévision
Pourrais-tu arrêter
de passer en boucle
la pub pour Covidis ?
Pour toi, la vie,
c’est ça, crédit,
Mais pour nous autres,
c’est sacré, dis !
(Gaëlliques cathodiques – 10 avril)
Avril
A l’aube
Au bord de l’océan
Admirer le lever du soleil
Alone
Apaisé
Alangui
Avec juste
Aux oreilles le vent
Amoureux des vagues
(Gaëlliques hors-saison – 11 avril)
Je connais dans un presbytère un curé qui soigne ficus, yuccas et fougères par la prière. Devinez quoi ? Les autres prêtres l’appellent le père vert. Je connais également une nonne qui passe ses journées à la cave, la tête sous le tonneau, à goûter les récoltes des vignes du Seigneur. Eh bien, les sœurs du couvent l’ont surnommée la mère rouge.
(Gaëlliques ecclésiastiques – 13 avril)
- Et on termine cette visite de l’ISS par le module Beam, un habitat spatial gonflable qui est t… oui, recrue, une question ?
- Oui, commandant, ce bouton rouge, là, à quoi il sert ?
- N’y touchez surtout pas, malheureux ! Il nous ramènerait sur Terre. Ils sont tous confinés, là-bas !
(Gaëllique spatiales – 14 avril)
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Je leur annoncerais bien la victoire totale sur l’épidémie et la fin du confinement grâce à l’extrême efficacité de la politique du gouvernement lors de ma conférence de presse de ce soir, mais je ne suis pas sûr que ça fasse marrer grand monde aujourd’hui, se dit le premier ministre au moment de rédiger son intervention télévisée.
(Gaëlliques et attrapes – 1er avril)
Ce champ de maïs
semblait avoir été peint
par Van Gogh
d’après une description
que lui en aurait fait
Stephen King
(Gaëlliques paysagères – 2 avril)
Dans tous les gâteaux de tes anniversaires, j’ai mélangé un quart d’énergie, un quart de tendresse, un quart de gentillesse et un quart de malice. Je les ai laissés lever tendrement pendant dix-huit ans en te regardant discrètement grandir et dorer à travers la vitre du four. Le résultat, tendre et croustillant à la fois, est à croquer, et me rend chaque jour un peu plus fier d’être ton papatissier..
(Gaëlliques d’anniversaire – 4 avril)
Jadis je faisais le mur
Désormais je fais mûr
Un jour je ferai l’mort
Alors ça sert à quoi
Que je me casse le col ?
(Gaëlliques à mur-mures – 5 avril)
Quand il l’a vu passer au large, l’étique naufragé enhaillonné de guirlandes d’algues brunes s’est enfoui à toute vitesse sous le sable blanc de son île déserte, se faisant tout petit, parfaitement immobile et silencieux jusqu’à ce que le titanesque paquebot de croisière ait disparu de l’horizon. Pas question ces temps-ci de déroger aux gestes barrières.
(Gaëlliques prudentes – 6 avril)
Au programme de la fête de l’avriculture :
10 h : Poison d’Avril (Rock avricole)
14 heures : Championnat de crachat de noyaux d’avrocats
16 heures : Showcase : Avril Lavigne.
Tout au long de la journée :
Démonstration d’arrachage d’avrichauts « à l’ancienne »
Dégustation d’avricots
21 heures : Grand feu d’avrifice.
Fête de l’avriculture, l’Isle sur Avray,
à partir de 9 heures
Dimanche 3 mai 2020
(Gaëlliques avriolantes – 7 avril)