An vingt, Dix-neuvième septain

Comme elle se prénommait
Prudence
Elle appela sa fille
Sûreté.
Parce qu’on ne sait jamais…

(Gaëlliques prénominales – 6 mai)

Mai où sont donc passés les gens ?
Mai pourquoi tous ces masques inquiets ?
Mai quand reviendra le bon vieux temps ?
Mai mes vers non plus n’ont-ils pas pied ?
Mai en verra-t-on bientôt la fin ?
Mai vivement le mois de juin

Qu’on en fume un…

(Gaëlliques monstruelles – 7 mai)

Je me souviens des mots que me disait mon père :
« Tu veux être accepté, respecté par tes pairs ? Fais-leur donc soupçonner une plus grosse paire… »

(Gaëlliques hors pair – 10 mai)

Enfin, je fais ce qui me plaît,
Se dit l’humain déconfiné
L’homo-hydro-alcoolisé,
Dès le matin du onze mai.
Ça fait longtemps que j’en rêvais.
Tiens, aujourd’hui, moi, je voudrais
Aller dans un endroit bondé
Où les gens vont pour consommer
Comme un étroit supermarché,
Le petit ciné du quartier
Ou bien un bus inter-cités
A la foule me mélanger
Puis d’un seul coup me démasquer,
Sans filtre et sans gants me montrer
Sur tous ces rats postillonner
Et puis tousser,
Baver,
Cracher
Pour finir par éternuer
Désabusé, désinhibé
Dans le coude, à moi étranger,
D’un con fini désinfecté
Afin de savoir ou en est
Vraiment rendue l’humanité
Sous sa couronne d’immunité,

Mais je crois plutôt que je vais
Rentrer et puis me recoucher

(Gaëlliques virales – 11 mai)

- Votre mission, si vous l’acceptez, sera de rapufler les mistouris avec un labouve.
Quand je reçus de l’Etat-major ce message incompréhensible, codé en néo-novlangue argotique, je me fis la réflexion que je n’étais plus de la première jeunesse. Lors de ma dernière mission on m’avait fait ratisser des carottes sur Mars, ce qui signifiait simplement aller éliminer un narcotrafiquant au Caire. Allez savoir où ils vont chercher leurs expressions, au Ministère. Et pourquoi ils se compliquent tant la vie, des fois…
Devant ce nouveau casse-tête linguistique, je dus même reconnaître – à défaut de l’avouer à mes supérieurs, à qui j’arrivais encore à donner le change – que j’étais quelque peu dépassé, avec mon franglais so old-school et mon verlan de titi parisien face à leurs expressions post-futuristes tellement hypes.
Déjà que ma condition physique me mettait hors-jeu pour la plupart des opérations risquées, si je n’arrivais même plus à déchiffrer les ordres de missions codés envoyés par mes chefs, la pension de retraite – pardon, l’Ehpad – pour espions en fin de vie, ou du moins en fin de carrière, allait sans doute très vite compter dans ses honorables murs un pensionnaire de plus, en ma modeste personne.
Mais pour différer l’inéluctable, je devais déjà décrypter ce maudit charabia et me sortir avantageusement de cette mission. De préférence sans réveiller ma sciatique !

(Gaëlliques et services secrets – 12 mai)



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