Très agréable moment ce soir, au café associatif Le cause toujours, 8 rue Gaston Rey, à Valence, pour causer vélo et littérature, lors de l’atelier « Caus’cyclette », animé par Anne-Marie Vernon en présence d’une dizaine de participants réunis par leur passion : les deux-roues.
L’occasion de découvrir les nombreux flirts entre écriture et petite reine, dans tous les genres littéraires, au fil des décennies : livres pour enfants, essais philosophiques, livres de voyages, BD, ouvrages d’art, de poésie, de surréalisme, et d’approfondir le lien intime unissant l’homme à sa machine, et les rencontres humaines qu’elle génère, avec leurs codes, leur langage.
Une certaine solidarité qui se crée entre deux usagers, au bout du monde, qui se croisent, se reconnaissent sans pour autant s’être jamais rencontrés, se saluent, s’arrêtent, s’entraident. Moyen de transport utilitaire, loisir ou sport, le vélo devient pour certains plus que l’objet, un réel compagnon.
Lors de la seconde révolution industrielle à la fin du 19e siècle, et avec l’arrivée des pneumatiques on assiste à une « folie de la bicyclette » le vélo devenant financièrement accessible aux ouvriers, devient un moyen d’explorer le monde. Il sera même un vecteur de l’émancipation des femmes, non sans mal : avec la mode des tours du monde, et celui réalisé en quinze mois par une femme, Annie Londonderry, de Boston, en 1895, les médecins et moralistes de l’époque affirmaient que sa pratique était dangereuse pour la santé physique et mentale des femmes, les poussant à des pratiques immorales (…). Elles durent se battre également pour pouvoir porter une tenue plus « adaptée » à sa pratique que les robes de la fin du siècle, et firent adopter le bloomers, un short féminin. En France, les compétitions leur étaient cependant ouvertes dès 1868. Le premier tour de France est créé en 1903. Le terme vélo remplace bicyclette après la première Guerre Mondiale. Sous l’occupation de la suivante, les véhicules à moteur réquisitionnés, ne reste plus que le vélo pour faire du marché noir, aller voir ses proches… Les courses et compétitions sont un réel succès qui perdure encore de nos jours. Vers 1990 apparaissent les premiers signes d’une vélorution, des associations d’usagers se créent de par le monde pour tenter de redonner au vélo sa place dans la ville.
Les participants à la soirée
Il se vend dans le monde plus de vélos que de voitures.
J’ai été étonné du nombre de livres écrits par des tourdumondistes (ou tourdesétasunistes, ou delamongolistes, au choix) à vélo, seuls ou en famille, ayant relaté leur expérience, de manière plus ou moins heureuse (tenir un journal sur un tour du monde ne fait pas du cycliste un écrivain, comme le faisait justement remarquer une participante. Le grand sportif que je suis a failli rajouter : et avoir un vélo dans ma cave ne fait pas de moi un cycliste… mais je me suis tu ! Et puis, avoir sorti trois livres…).
Chacun des participants à la soirée avait amené quelques livres sur le sujet et était invité à en lire des extraits. Ce fut l’occasion pour moi de présenter mon petit dernier, Jeux de dopes, seule incursion dans le fantastique parmi les ouvrages évoqués ce soir, et d’aborder (de façon légère) cet épineux sujet qu’est le dopage dans le sport. Ayant peu l’habitude de parler en public (et, en règle générale, de sortir de mon antre…) j’ai été très mauvais sur la promo et je rétropédale ici mes excuses aux participants de la soirée ! L’excellent verre de vin rouge (bio) n’y était pour rien, juré !
Mes coureurs ont croisé des cyclistes de tous les horizons…
Voici quelques-uns des livres présentés ce soir sur la thématique du vélo – il y en avait une montagne – (ceux avec un astérisque sont ceux qui ont éveillé mon attention, même si le vélo n’est toujours pas mon sujet de lecture favori) :
Johan Sfar – A bicyclette – Un tour en France *
Didier Tronchet – Petit traité de vélosophie
Le tao du vélo – Julien Leblay
Paul Fournel (président de l’OuLiPo) – Besoin de vélo *
Raymond Queneau – Le vol d’Icare *
Les cycles de l’amour – J.C. Martinez (superbes photos agrémentées de textes d’auteurs reconnus – dont un, de toute beauté, de Michel Serres) *
Georges Pérec – Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?
Bernard Chambaz – Petite philosophie du vélo
Le pouvoir de la pédale – Olivier Razemon
Des fleurs, pas de moteur (livre pour enfants)
Nous évoquâmes ensuite (en vrac) les bienfaits du vélo sur le corps et l’âme, les vols de vélo, et le Tour de France Alternatif, qui passera cet été dans la région – pourquoi ne pas y faire un saut (jour de repos à Glandage, il fallait le faire…) – et prîmes congé au bout de ce sympathique moment, pour la plupart en vélo (la moitié des personnes présentes ne possède pas de voiture) après avoir cherché des idées de thème pour le prochain Caus’cyclette. Et pourquoi pas lien entre vélo et chanson, peinture, publicité, cinéma ?