Catastrophe !

Il y a quelques mois était organisé par l’association Libres plumes le concours international de la nouvelle humoristique 2017. J’ai eu le plaisir de faire partie du comité de pré-sélection de ces nouvelles, et j’ai rencontré des gens formidables lors de la remise des prix en mars dernier !

Voici le lien pour obtenir le chouette recueil rempli de catas en tout genre qui sert de témoignage écrit à cette aventure !

 cata



Dans ses veines coule aussi l’aventure

J’avais dit ici tout le bien que je pensais du livre de mon amie Emmanuelle Cart-Tanneur, talentueuse nouvelliste lyonnaise. Mon avis n’a pas changé.

Le voici réédité, avec une couverture (à mon goût) plus attrayante que l’ancienne. Pour vibrer, rêver, s’évader. Pour offrir, pour s’offrir.

Les droits d’auteur seront reversés à l’association Coeurs de Lyonnes, une généreuse manière de joindre l’agréable à l’utile qui promet une belle aventure humaine.

Dans ses veines coule aussi l'aventure dans 5 - la bibliothèque du Vieufou



Une plume s’envole

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J’ai appris hier le décès de Dominique Guérin, que je fréquentais sur le forum Mda depuis plusieurs années sous le pseudo de Djin, et qui m’avait rendu visite sur ce blog pour y poster son commentaire bienveillant sur un de mes textes. Elle avait une belle plume, n’était jamais avare de conseils. De ces amis virtuels qu’on se fait et qu’on aimerait rencontrer « in real life ». Elle est allée à la soirée de remise des prix de Calipso, malgré sa maladie. Je n’ai pu m’y rendre, et elle a eu la gentillesse de dédicacer le texte dont elle est l’auteure, qui paraissait dans le recueil des lauréats du concours.

Tchao, Djin, maintenant, t’écris avec les anges. Y a de plus en plus de belles plumes là-haut Une plume s'envole dans 5 - la bibliothèque du Vieufou sadness_80_anim_gif-4c74bbc .

Condoléances à ta famille.



Hurler sans bruit

« C’est curieux, un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant, un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup car c’est impossible de parler à quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre, et autres spectacles. C’est à l’opposé de toutes les lectures. C’est le plus difficile de tout. C’est le pire. Parce qu’un livre, c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit, qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d’avec lui, le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé. « 

Ecrire, Marguerite Duras, extrait.

Je lirais bien le reste….



Romain Billot – Les contes du Grand Veneur

Je viens juste de sortir d’une promenade dans les bois du Grand Veneur, j’y ai passé d’effrayants mais agréables moments en compagnie des âmes qui les hantent.

On retrouve dans le bois longeant le village de Malcombe un peu du Castle Rock de Stephen King, à la mode de chez nous, avec des personnages hauts en noirceur confrontés à leurs peurs, à d’inquiétantes bâtisses et aux superstitions locales les plus terribles.

Un régal ! La plume de Romain Billot est alerte et il joue sans fausse note la partition de nos terreurs d’adolescents.

Dix contes à dormir un peu moins tranquille.

Romain Billot - Les contes du Grand Veneur dans 5 - la bibliothèque du Vieufou

L’Ivre-book Imaginarium – 10€ – 128 pages

Illustration Jimmy Kerast



Jack London par Alain Emery

Je viens de lire – boire, devrais-je écrire pour être fidèle au personnage – d’une traite, « cul sec » la très touchante biographie de « Jack London, un ogre au cœur d’argile », génie littéraire, aventurier, âme tourmentée, homme de convictions et de paradoxes, brillamment ressuscité sous la plume sensible d’Alain Emery.

Afficher l'image d'origine

Un ouvrage que je recommande à ceux qui désirent mieux appréhender la vie tumultueuse de l’auteur des Pirates de San Francisco (mon préféré), de L’appel de la forêt et de Croc Blanc (parmi tant d’autres) disparu à – seulement – 40 ans.

Jacques Flament éditions – 107 pages – 13 €

Jack London par Alain Emery dans 5 - la bibliothèque du Vieufou 12891159_863980610379662_3958384667400777928_o



Le bunker – Emmanuelle Cart-Tanneur

J’aimais déjà les mots d’Emma, tellement poétiques, grâce à cette force d’âme qui l’habite et qu’elle insuffle aux personnages dont elle brosse le portrait avec délicatesse, qu’elle invente ses histoires ou qu’elle en soit juste le témoin, le scribe attentif et bienveillant. J’adore quand ses textes flirtent avec le rêve ou basculent d’un coup vers le surnaturel, le fantastique.
Avec le bunker, on est carrément dedans, avec une trame de départ imposée digne des plus grands films cata, où tout peut arriver, sans cause prédéterminée. Je m’apprêtais donc à me régaler, curieux de voir comment elle allait dompter l’exercice.
Et je fus conquis. Happé d’entrée par l’histoire. Saisi, retourné, en quelques mots, quelques formules magiques. L’atmosphère de ce bunker-ci (je ne sais pas encore ce qu’il en est des autres) n’est pas oppressante, comme le thème pourrait l’induire. La poésie y est bien présente, d’entrée, ce « petit quelque chose » qui fait cette belle écriture, et j’avoue avoir pris quelques claques, senti s’humidifier mes yeux aussi, en lisant – et en relisant – cette histoire, aux héros si attachants qu’on espère pour eux un dénouement heureux, et aux autres si laids qu’on leur souhaite le pire des tourments.

Je suis sorti de ma lecture tout ému, déjà fébrile – mais ça me le fait à chaque fois – de lire le prochain ouvrage d’Emmanuelle Cart-Tanneur, mais également curieux de voir comment d’autres auteurs ont pu survivre (ou pas) à cet inquiétant Bunker.

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  PAGES : 86  PRIX : 10 €

RÉSUMÉ (seules informations données aux auteurs, sur lesquelles ils ont la liberté de bâtir leur bunker personnalisé)

LES NUITS SONT MORTES ET NUL NE CONNAÎTRA PLUS LE JOUR NAISSANT.

Il faut transiger avec les éléments, le hasard, le temps, la fatalité.

Le 21 juillet 2014, 217 personnes, assises côte à côte, à 10 mètres sous terre, écoutent avec attention les discours inauguraux de L’ANTRE ET DES ARTISTES, un espace culturel souterrain de béton, unique en son genre, avec son dôme-esplanade en damier, dont les cases codées multicolores, reproduisent le message suivant :

ÉCLAIRE TA VIE DE LA COULEUR DES MOTS,
ÉCRIS TON CHEMIN AVEC L’AUDACE DES ROIS,
ÉLÈVE TON OUVRAGE SUR LE SOCLE DE LA PASSION,
ET TU PRÉSERVERAS LA SAVEUR DU PASSAGE,
L’ESPRIT LIBRE ET SAGE, JUSQU’À L’INSTANT
FRAGILE ULTIME, ENCHANTÉ DU MIRACLE D’EXISTER.

C’est à ce moment que la catastrophe, tant et tant de fois envisagée, se produit. Sans préavis. Un bruit formidable et en quelques secondes, des tonnes de gravats obstruent les issues et toute communication avec l’extérieur est coupée. Comme tout être sensible, chacun des 217 occupants du bunker est affolé, accablé, sidéré, bête aux abois enterrée vivante dans un immense terrier de béton sans aucune issue immédiate.
Peut-être sortiront-ils un jour. Peut-être pas.
Auront-ils le courage d’attendre la mort ou un miracle potentiel ?
L’espace désormais alloué à leur survie se résume à 3 000 m2  pour une hauteur de plafond de 4 mètres,, soit 12 000 m3 énergétiquement autonomes, répartis ainsi : une grande salle d’exposition accueillant les œuvres de 28 artistes européens (un par État membre), quatre bureaux spacieux, des toilettes publiques, un accès à une source souterraine d’eau pure – mais pour combien de temps encore ? – , une réserve contenant 78 000 portions journalières de nourriture lyophilisée. Soit un confort pour le moins sommaire et une autosuffisance alimentaire d’une année.
La surprise et l’effroi passés, le grondement extérieur étouffé, les 217 personnes se jurent solennellement que, rescapées ou non, elles resteront dignes dans l’épreuve. Mais la dignité est-elle de mise dans de telles circonstances ? Ils sont les survivants de la catastrophe, et se doivent d’être des survivants créateurs. Chacun à sa manière, avec son style, témoignera du présent, du passé, du futur hypothétique, de son bonheur d’avoir vécu sur terre ou de sa douleur de la perte des repères et des êtres chers. Ou peut-être, tout simplement, tracera-t-il la marque de son insondable vanité de puceron éphémère dans un monde terrassé d’avoir été trop loin dans sa folie.

Ainsi va la vie, ainsi ira peut-être la mort.
Avec ou sans regrets.

Ce livre constitue une trace parmi d’autres de cet événement majeur. Prenez le pour ce qu’il est, l’empreinte instantanée de l’état d’esprit de l’un des témoins de ce moment-clé de l’humanité.



Dire l’évanescence du temps…

J’ai retrouvé au hasard de mes pérégrinations sur mon forum préféré ce haïku, que m’avait offert en 2011 Yvonne Le Meur-Rollet.

Je partage ici cette jolie pépite, avec un immense plaisir.

Un haïku, pour toi, Vieufou

Entre les doigts d’un vieux fou
La guitare flambe
Vibrant papillon monarque.

http://www.polyvore.com/cgi/img-thing?.out=jpg&size=l&tid=12232700

(Haïku : forme poétique d’origine japonaise destinée à « dire l’évanescence du temps ».

Le haïku doit, soit évoquer une saison, soit faire référence à la nature.

structure syllabique 5-7-5)



Bonnes résolutions…

« ça nous fait toujours marrer quand on entend des gens qui disent qu’ils vont se mettre au sport, acheter des haltères, des tapis pour les abdos, ou un vélo d’appartement. Il vaut mieux acheter une lampe, au moins on sait que ça va servir, alors qu’un vélo d’appartement, c’est moche et au bout d’un mois on a envie de le balancer à la cave. Les bonnes résolutions, ce sont des promesses d’ivrogne… »

Eric Carrière, chevalier du fiel



Merci, père Noël !

Merci, père Noël ! dans 5 - la bibliothèque du Vieufou 100_2610

Cette année le père Noël a mis ses habits noirs, ceux de la collection Côté court des éditions JFE. Il m’a également apporté L’effervescence du pianiste, le nouveau recueil de nouvelles d’Emmanuelle Cart-Tanneur. De bonnes heures de lecture en perspective….



Le numérique en… 1943

Voici l’extrait d’un roman post-apocalyptique paru en 1943. Dans une société  technologiquement asservie, après une panne généralisée, un étudiant parisien quitte la capitale en flammes pour descendre vers la Provence et repartir à zéro.

La description de  l’appareil, ci-dessous, est saisissante !

« La nuit cernait de tous côtés les dernières flammes de l’Ouest. François tira du dossier de son fauteuil le lecteur électrique et coiffa l’écouteur. La Compagnie Eurasiatique des Transports avait installé un de ces appareils sur chaque siège pour permettre aux voyageurs de lire la nuit sans déranger ceux de leurs voisins qui désiraient rester dans l’obscurité.

Une plaque extensible, que chacun pouvait agrandir ou rapetisser au format de son livre, s’appliquait sur la page et, dans l’écouteur, une voix lisait le texte imprimé. Cette voix, non seulement lisait Goethe, Dante, Mistral ou Céline dans le texte, avec l’accent d’origine, mais reprenait ensuite, si on le désirait, en haut de chaque page, pour en donner la traduction en n’importe quelle langue. Elle possédait un grand registre de tons, se faisait doctorale pour les ouvrages de philosophie, sèche pour les mathématiques, tendre pour les romans d’amour, grasse pour les recettes de cuisine. Elle lisait les récits de bataille d’une voix de colonel, et d’une voix de fée les contes pour enfants. Au dernier mot de la dernière ligne, elle faisait connaître par un « hum-hum » discret qu’il était temps de changer la plaque de page.

Cet appareil n’eût pas manqué de paraître miraculeux à un voyageur du XXe siècle égaré dans ce véhicule du XXIe. Le fonctionnement en était pourtant bien simple. La plaque, sensible à l’encre d’imprimerie, était branchée sur un minuscule poste émetteur de télévision installé dans le dossier de chaque fauteuil. Ce poste transmettait automatiquement l’image de la page au Central de Lecture de la Compagnie Eurasiatique des Transports, dans la banlieue de Vienne. Des cloisons insonores divisaient l’immeuble du Central en une dizaine de milliers de minuscules cabines. Dans ces dix mille cabines, devant dix mille écrans semblables, étaient enfermés dix mille lecteurs et lectrices de tous âges et de toutes nationalités.

Des standardistes polyglottes triaient les réceptions, les branchaient par langues sur des sous-standards qui les distribuaient ensuite par genre littéraire. Il ne fallait guère plus de quelques secondes pour que l’image de la page arrivât au lecteur compétent, qui se mettait aussitôt à lire dans le ton dont il était spécialiste. Un tel larmoyait pendant huit heures sur des ouvrages sentimentaux. Telle autre souriait à longueur de journée dans sa solitude, pour lire avec grâce des conseils de beauté.

C’était, en somme, une parfaite, mais banale installation de télélecture, comme il en existait environ une dizaine en Europe, à l’usage des vieillards dont la vue baissait, des aveugles, et des solitaires qui désiraient se donner à la fois la compagnie d’un livre ami et celle d’une voix humaine. »

Le numérique en... 1943 dans 5 - la bibliothèque du Vieufou

Extrait de Ravage de René Barjavel, 1943. Un des premiers romans fantastiques que j’ai découverts à l’adolescence, sans doute mon préféré.  Ses autres livres m’ont aussi beaucoup marqué (La nuit des temps, une rose au paradis, Le grand secret…). Et il est drômois…



Les histoires

 » Les histoires sont comme des formes lumineuses de couleur différente selon qu’elles sont vieilles ou jeunes, passagères ou durables. Parfois des oiseaux les portent, parfois des feuilles mortes. Parfois elles voyagent simplement dans le bruit du vent. Elles volent au-dessus des villages. Toutes recherchent notre compagnie. Quand l’une d’elles repère un homme qui lui plaît, elle vient se percher sur son épaule et elle essaie de le séduire. L’homme la chasse ou la raconte. S’il la chasse, elle s’inquiète. Elle s’en va, elle erre ça et là, elle ne sait pas où aller, elle est en danger de se perdre. S’il la raconte, il croit qu’il invente, ou qu’il se souvient. En vérité, c’est elle qui parle par sa bouche. Quand elle a fini, elle laisse sa trace en lui, comme tous les êtres qui ont croisé sa route l’ont fait avant elle, et elle s’envole vers d’autres villages. Les histoires ont besoin de nous pour vivre Sans la force que nous leur donnons, elles se déferaient dans le ciel, comme des fumées. « 

Henri Gougaud, Les sept plumes de l’aigle

Les histoires dans 5 - la bibliothèque du Vieufou henri-gougaud



Prix Rosny : raté aussi

La liste des nominés du prix Rosny 2014 vient d’être dévoilée. Y avait du beau monde, je ne suis pas surpris de ne pas y figurer. J’aurai rêvé pendant quelques semaines….
Les lauréats seront désignés lors de la Convention Nationale de Science Fiction qui aura lieu à Amiens cet été.Romans  :

Ayerdhal, Rainbow Warriors (Au Diable Vauvert)

Philippe Curval, Juste à temps (La Volte)

Johan Heliot, Françatome (Mnémos)

L.L. Kloetzer, Anamnèse de Lady Star (Denoël)

Xavier Mauméjean, American Gothic (Alma)

Arnaud Pontier, Agharta, le temps des Selkies (Asgard)

Nouvelles  :

Stéphane Croenne, Le chant des baleines (in Angle mort n°9)

Philippe Curval, Cuisine kitzyn (in Galaxies nouvelle série n°24/66)

Gulzar Joby, L’Enfant qui s’avance vers nous (in Galaxies nouvelle série n°25/67)

Christian Léourier, Le réveil des hommes blancs (in Bifrost n°72)

Marin Lessard, Durée d’oscillation variable (Long Shu Publishing)



PPP : Prix Pépin du public – raté !

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Prix Pépin 2014
il y a 20 minutes

Prix du public ! Le verdict est tombé !
213 votants
Premier prix du public (48 voix) :
21 – Pro Deo
de Philippe Gontier
Tandis qu’il dirigeait l’opération visant à introduire onze velociraptors clonés dans la salle où se tenait le Congrès Mondial des Créationistes, Dâr riait in peto. Si Dieu avait créé hommes et dinosaures simultanément, n’était-ce pas sa volonté de les voir à nouveau réunis ? Même brièvement.

Deuxième prix du public (41 voix)
37 – Androgynes
de Guy Kauffmann
L’apprenti démoula ses deux premiers corps humains, encore tout malléables. Identiques. Il préleva un peu de matière entre les jambes de l’un, la roula sous la paume, et l’aggloméra à la glaise encore chaude de l’autre, au même endroit. « Si Dieu ne s’en aperçoit pas, on va bien rigoler.»

Troisième prix du public (25 voix)
24 – Extraterrestres marins
de Arnaud Loizeau
Le Président américain trépignait. Il attendait les extraterrestres, mais quand le cube volant descendit du ciel, il plongea dans l’océan. Plutôt qu’avec les diplomates humains qui gesticulaient en scaphandre, les extraterrestres préférèrent discuter, par ultrasons, avec les dauphins.

 

Merci à ceux d’entre vous qui ont voté pour mon texte. Aucun des 3 vainqueurs n’étaient dans mes votes, mais sur ces trois, ma préférence allait au dernier…

Et encore bravo à tous les autres !



Fragments d’Elzéard – Anne Vocanson

j’écris rarement des chroniques, exercice périlleux dans lequel je ne me sens pas forcément à l’aise ni à ma place, mais là…

Elzéard, le vieux berger, n’a pas besoin de mots. Il n’en connaît que trop les pièges.Digressions, mensonges et sous-entendus.

Alors, pour combler le vide des paroles, il décide de faire silence, non qu’il parlât beaucoup jusque là.

Empreint d’une sagesse toute bouddhiste, il se sent riche du peu qu’il possède, dénuement gandhien où chaque objet de son quotidien a sa juste place, son utilité, son histoire, sa vie.

Il connaît « l’émerveillement nu ». Il sait, il sent les choses, les êtres. Sa vie est son chant, un chant silencieux, celui de l’univers dont il est part entière, humble, ni plus ni moins.

Son credo est donc universel, acceptation de ce qui est, de ce qu’il est.

Émerveillement sans cesse renouvelé devant le banal devenu invisible à d’autres : Le cycle des saisons, les langages du ciel, les richesses de la terre et la beauté des êtres.

Conscience de l’essentiel, dans un monde voué au superficiel, qui avance, impitoyable.

« Le chant d’Elzéard est chant de liberté. Le chant d’Elzéard est chant de soumission. Condition d’homme pleinement acceptée, avec tout ce qu’elle suppose de dépendance à l’égard de ce qui la dépasse, la modèle, la construit… »

Cela fait quelques temps que je n’avais rien lu d’aussi touchant et poétique (je lis en ce moment, hélas, fort peu, je dois l’avouer). On aimerait faire un bout de chemin de vie en compagnie de ce berger-là, partager pour un temps son apaisant silence, ralentir un instant la course effrénée de nos vies, s’assoir avec Elzéard, loin des Tumultes.

J‘ai, en lisant, fait inconsciemment un parallèle avec les derniers indiens d’Amazonie. Ce personnage s’en rapproche beaucoup, de par sa philosophie adoptée face au monde qui l’entoure, au « progrès » dans son inéluctable marche.

Un très beau récit de la charmante et talentueuse Anne Vocanson, aux éditions Souffles.



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